Non essentiel.le.s ?!?
Puisque nous voilà maintenant réduit.e.s à cocher des cases, à établir des barèmes, à fixer des priorités, et que les relations humaines sont, elles aussi, soumises à des cotations de valeur délivrées par de supérieures instances qui, sous couvert de sécurité, nous réduisent à rentrer dans les rangs de la raison, puisqu’il nous reste quand même la liberté de penser à défaut de celle d’aimer, il nous reste encore les mots…
Ainsi, l’hypothèse très logique d’une prise de risque zéro nous emmène vers des horizons plus que rétrécis.
Plus de contacts hormis familiaux et réduits au minimum, plus d’escapades, plus de rêves et de coups de folie!
Sinon bien cachés à l’intérieur de nous.
Plus de sourires gratuits attrapés dans la rue, plus d’émois juste au contact d’une main qui s’attarde une seconde de plus, d’un regard ardent, plus d’invitation à boire un verre quelque part…
Seul est sûr le foyer, encore faut-il qu’une flamme y brûle encore!
Quand le danger vient du dehors, de l’inconnu, de l’imprévisible, vite se réfugier dans le cocon somme toute rassurant de repères quotidiens, et ce quotidien finalement recèle des trésors de paix, sans plus se poser de questions… Trop fatiguant!
La révolte, la folie douce seront pour demain, après-demain, l’année prochaine… ou bien, jamais?
C’est que la révolte peut être épuisante, qui met le cerveau en ébullition alors qu’on aurait envie d’une chose, d’une seule, totalement essentielle : le silence, le chant des oiseaux, le bruit d’un torrent, le vent dans les cimes, ou encore la rumeur lointaine et immuable d’un océan quelque part.
Et la caresse d’une main, lentement, sur des pieds offerts au soleil…