Amour et sexualités avant, pendant…et après le confinement!
Que dire, que croire, que penser et que faire aujourd’hui de tout cela?
Avant le confinement, il était si normal de se toucher, de s’embrasser et de s’étreindre que les images et souvenirs de ce temps là nous semblent aujourd’hui délicieusement subversifs, voire irréels, voire interdits pour longtemps… Et qu’un couple rencontré dans la rue aujourd’hui, et s’embrassant avec délectation, choque et attire sur lui les foudres des passants pétrifiés par la trouille!
Avant, mais c’était avant… les couples « installés » s’ennuyaient, se disputaient, se rapprochaient ou s’éloignaient avec la certitude que rien ne pourrait, hormis leur propre libre-arbitre, remettre en cause leur vie commune.
Les personnes vivant seules s’amusaient, batifolaient ou se projetaient dans un idéal auquel seuls leur imaginaire, leur vécu douloureux ou leur insatiable besoin de liberté imposaient des limites.
Pendant le confinement, nombre de thérapeutes de couple ou sexologues ont pu constater des effets, ou plutôt positifs de rapprochement et de liens renoués, ou à l’inverse aggravant un passif déjà lourdement chargé.
Le couple alors a fait barrière, rempart, voire forteresse inattaquable, ou bien a laissé apparaitre des failles, des brèches que rien ne semblera plus pouvoir colmater.
Les amoureux et amoureuses non cohabitant, vivant une relation cachée ou officielle, empêchés de retrouvailles par un confinement frustrant, se sont écrits, téléphonés, dévorés des yeux par écrans interposés; ils et elles ont partagé des émois sensuels et sexuels, en cachette ou pas, et ont pu expérimenter la séparation comme une épreuve, amplificatrice de leurs désirs et leur faisant espérer chaque jour plus fort un intense rapprochement…
Les célibataires se sont dits peut-être qu’il devait être précieux d’avoir dans leur vie quelqu’un avec qui partager, échanger des cœurs à cœurs des corps à corps, renvoyés davantage encore à cette impossibilité de rencontre, de découverte, de sensations délicieuses et inédites. Ils ou elles auront alors investi un site de rencontre, cherché à communiquer par des chemins buissonniers ou parallèles, auront rêvé, imaginé, fantasmé! Ou bien se seront résigné.e.s…
Mais après, que va t-il se passer lors de ce fameux dé-confinement sur lequel nombre de personnes commencent à projeter?
Pour les couples dits « normaux », à savoir « légitimes », à savoir cohabitants, inscrits dans un projet de vie durable et balisé, sans doute cette ré-ouverture à d’autres cercles qu’ils soient professionnels, sociaux ou militants, sera-t-elle une bouffée d’oxygène, un retour à la normale somme toute assez naturel. Et les tentations d’aller voir ailleurs vite réfrénées de par le potentiel danger, non plus de contracter le VIH, mais d’être potentiellement contaminés par ce maudit virus. Retour donc au couple refuge, à la fidélité conjugale, à la prise de risque zéro!
Si l’on pense aux couples mal assortis, l’épreuve du confinement sera décisive et marquera l’annonce d’un choix de rupture pour enfin respirer librement et sans entraves.
Les couples dits « illégitimes », quant à eux, souffriront-ils de l’effet délétère, de la peur insidieuse de contamination qui risqueraient de venir gâcher leurs retrouvailles?
Quant aux jeunes, pas encore engagés dans une relation dite « stable », qu’en sera-t-il? Comment rentreront-ils en lien, retrouveront-ils l’insouciance et la fougue de leur âge pour découvrir les mystères de l’amour et du sexe?
Et pour les personnes vivant seules, et parfois assumant avec plaisir et autonomie leur célibat, quel que soit leur âge, comment vont-elles négocier ce virage inédit, jamais rencontré auparavant???
Les gestes barrière, devenus en deux mois de confinement des réflexes intégrés, seront-ils édictés comme désormais nécessaires? Les baisers, mains enlacées, étreintes feront-ils partie d’un passé révolu?
Si vivre est se laisser aller à une attirance d’âme et de corps, en écoutant lorsque cela arrive ce mystérieux signal qui dit que tous les voyants sont au vert, quelle petite lumière rouge va s’allumer, quel vent de panique ou de suspicion va éteindre la flamme? Serait-il question de devenir « raisonnables »???
Pourrons-nous vivre à nouveau, passionnément et encore davantage maintenant que nous avons, pour nombre d’entre nous, senti passer tout près le souffle de la mort?
Nous mourrons toutes et tous un jour… Reste à savoir si cette omniprésence d’un danger, réel ou fantasmé, va empêcher le retour de la confiance, du don et du partage.
Ou si, sentant cette urgence de vivre et de se faire du bien, l’amour et le partage des fluides et des énergies vont en être d’autant plus précieux, essentiels à notre bonne santé, à notre force de vie et notre puissance d’aimer…
Il s’agira alors de reconstruire autrement ce qui a été déconstruit, avec davantage peut-être de conscience de l’éphémère et de la beauté des choses, ce fameux beau et grand « mystère de l’Amour »!