Infidèle?

L’infidélité du ou de la partenaire est encore aujourd’hui l’un des principaux motifs de consultation d’un thérapeute de couple. 

Souffrance, incompréhension, colère et espoir se mèlent et se confondent.

La recherche du « pourquoi? » vient parfois adoucir la violence de la découverte. Mais parfois aussi, la violence même de l’insupportable vient signer la fin de l’histoire, sans préavis ni chance de s’expliquer, se racheter, se comprendre. La blessure narcissique est trop profonde, la réconciliation considérée comme impossible.

Dans les contrats implicites de l’union, la fidélité parait comme aller de soi, conséquence directe de l’engagement, et l’exclusivité apparait logique, au même titre que le devoir d’assistance et de solidarité inclus dans le mariage…

Peu de couples en parlent en début de relation, cela semble « naturel » et personne ne peut envisager que des nuages un jour pourraient obscurcir un ciel idyllique!

Et pourtant…De l’infidélité virtuelle via les rencontres sur internet, à l’infidélité de corps supposée sans conséquences puisque ne remettant pas en question l’engagement de la vie à deux, en passant par l’infidélité de coeur qui questionne la possibilité d’aimer deux personnes à la fois, la notion de tromperie reste la plus pregnante. D’où parfois la nécessité, imposée par l’un des trois protagonistes, de devoir faire un choix…

Mais qu’est-ce qui pousse les infidèles à transgresser ainsi? Rêves déçus, frustrations sexuelles, besoin de tester leur séduction, de goûter aux frissons de l’interdit, de la nouveauté, de la fantaisie qui peu à peu a déserté le couple?

Ou encore sonnette d’alarme, bouteille à la mer quand les preuves par actes dits manqués ne sont pas soigneusement cachées et détruites? « Regarde-moi j’en crêve  de ne plus être pour toi que la mère de tes enfants, ou le compagnon qui assure au quotidien, dans une intendance domestique et routinière ».

L’infidélité vient questionner le lien qui s’effiloche, l’ennui et la distance qui s’installent, le couple n’est plus nourri par une complicité faite de projets, d’attentions, d’échanges émotionnels et érotiques. Les griefs accumulés en silence ou en disputes trouvent un exhutoire, une soupape, une justification.

Dans tout cela le besoin de se sentir regardé-e-, désiré-e-, courtisé-e-, unique prend le pas sur l’attachement, la sécurité, le prévisible confortable et rassurant…

Comment sortir de cette crise sans y laisser l’essentiel, à savoir la confiance, l’amour qui ne sait plus dire son nom, la construction d’une vie stable, les engagements financiers, parentaux, familiaux?

Certains ne s’imaginent pas vivre sans l’autre, sans pour autant arriver à s’investir dans le don, le partage, l’écoute et le respect.

D’autre sont dans un dilemne. Une belle histoire d’amour se présente, faite d’érotisme, de désir mais aussi d’incertitudes; il est facile en effet de se donner à l’amant ou l’amante quand le quotidien ne brouille pas par sa pesanteur et sa prévisibilité les sensations de nouveauté, d’éphémère et de lègèreté…

Et l’idée du manque se profile : qui des deux me sera-t-‘il insupportable de ne plus voir, ne plus toucher, ne plus entendre? De quel deuil va-t-‘il s’agir, et si je dois souffrir lequel ou laquelle sera à même de panser mes blessures?

En cela un thérapeute pourra aider à aller voir plus loin, plus profond, sans se laisser aller à l’illusion qu’il suffit de changer de partenaire pour se changer soi. Mais aussi à plonger dans les eaux souterraines dans lesquelles la souffrance prend sa source, pour aller voir ce qui fait mal, et parfois signifie que le pardon peut s’avérer impossible; ce travail-là peut permettre de se poser les bonnes questions, de ne pas se leurrer ni de leurrer l’autre qui espère, dans la souffrance et l’incompréhension.

Certains couples sortiront plus forts de cette épreuve qui vient questionner leur capacités individuelles à se remettre en cause, à se redécouvrir, se pardonner, se refaire confiance. Pour peu que leur sentiment de sécurité personnelle ne soit pas trop atteint, dans la compréhension des agissements de l’autre, et la promesse de désormais ne plus mentir, qui seules pevent générer le pardon.

Pour clore cette chronique en musique, Claire Diterzi : « Infidèle« …

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