« Je t'aime, je te veux… »

 

Nous sommes dans notre langue française, pourtant si riche et subtile, étonnamment  pauvres quand il s’agit de parler d’amour…Nous aimons le fromage, les couchers de soleil, le dernier livre de Pennac, nous aimons nos enfants, notre chat, notre jardin, nos amis…Et nous aimons celui ou celle qui partage notre vie, notre lit, pour un soir ou pour mille…

En espagnol « te quiero » signifie je t’aime mais aussi je te veux. En anglais love est différent de like, et on peut apprécier quelqu’un sans l’aimer, mais l’amour reste l’amour…

Dans notre langue, tout est histoire d’intonation, de contexte, de regard, de langage corporel, non verbal, accompagnant ce mot « je t’aime » lâché parfois pendant l’acte sexuel dit acte d’amour puisque l’on « fait » l’amour. Lâché comme un aveu de faiblesse car c’est un risque de le dire, avec la peur d’un silence en retour. Lâché comme un cadeau précieux, un hommage vibrant et passionné. Laché comme une bombe…à retardement…

Aimer l’autre, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Aimer ce qu’il/elle est, aimer le plaisir qu’il/elle nous donne, ou la douceur de sa peau, les courbes de son corps, son odeur. Aimer son intelligence, son humour, sa culture, sa joie de vivre… Aimer sa situation sociale, sa notoriété, sa famille…Aimer ce qu’il nous renvoie de nous, si agréable, si ressourçant, si narcissiquement bon!

Milan Kundera, dans « L’insoutenable légèreté de l’être », fait la différence suivante : il y a celles avec qui on fait l’amour et celle avec qui on partage son sommeil ; celle- là on l’aime vraiment.

Dès l’instant où la formule magique « je t’aime » est prononcée, se déclenche en fond d’écran une pluie de météorites…Images associées, représentations inconscientes, émotions confuses, connexions subtiles et invisibles à l’œil nu…

Lorsque l’on reçoit ce « je t’aime », fierté et jubilation : ça y est, il/elle me l’a dit, enfin!  Notion d’engagement : cette fois, c’est du sérieux… Hommage : depuis le temps que je l’attendais… Confirmation : je m’en doutais bien mais… Et le ton solennel : je ne l’ai dit qu’à très peu avant toi…

Alors que chacun-e- à travers ces mots projette un univers personnel intime et coloré de ses représentations particulières par son histoire, ses manques, ses aspirations. Et qu’il /elle ignore le plus souvent ce que pour l’autre ces mots signifient. Passeport pour l’amour, le lien durable, l’attachement, « je t’aime «  est le sésame qui permet l’ouverture de nos espaces intimes…Les mots magiques qui vont permettre la construction du roman amoureux, de l’histoire du couple intronisé comme tel par cet aveu. « la première fois où il/elle m’a dit je t’aime, c’était… »

Dans ces trois mots tous les sens les espoirs tous les chagrins du monde.

Par cette formule tous les malentendus toutes les déceptions, les actes n’étant pas toujours à la hauteur de l’annonce…

Il y aurait donc ensuite tromperie sur la marchandise, erreur sur l’étiquetage, produit avarié, date limite dépassée ?

Il y aurait donc parfois désenchantement, alors que l’on demande encore et toujours à l’autre du rêve. D’être enchanté-e- Séduit-e- Emerveillé-e- Elu-e- entre toutes et tous!

Bref, on attend tout ! …Trop (?) de l’amour, et cela dure depuis des siècles ! Incorrigibles humains que nous sommes, chercheurs de notre moitié.

Mais, surtout, êtres sensibles, sensuels, pour qui un mot d’amour est un baume délicieux, une caresse de l’âme…

Tous témoignages, lectrices,lecteurs, étant les bienvenus…Pour vous, l’amour, c’est, ou ce serait : « …. »

Et, pour terminer en poésie et sur des mots d’amour cette chronique, deux versions pour un même scénario… :

Bardot et Gainsbourg « Je t’aime moi non plus »

Birkin et Gainsbourg… « Je t’aime moi non plus »…

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