L'amour est-il soluble dans le couple?
Tout a déjà été dit, chanté, dansé, écrit sur ce sujet là…Et pourtant le couple et l’amour, l’amour dans et hors le couple continuent de questionner, diviser, susciter des débats avant, pendant ou après les ébats…
Qu’en est-il aujourd’hui de la norme? Toujours aussi intensément hétérosexuée, conjugale et procréative?…Ou bien en cours de mutation sociétale et individuelle?
Hors une vie conjugale, à savoir des jours et des nuits, des nuits et des jours partagés dans une communauté de vie, voire de biens, dans une sécurité qui même si elle est moins « fun », moins excitante, a « quand même de bons cotés », existe-t-il un salut?…..Un équilibre à inventer, des idées neuves à essayer?
Qu’en est-il de l’érotisme quand les histoires de tube de dentifrice pas rebouché, de bruits incongrus et trop intimes, viennent occulter les beaux moments d’enchantement, de séduction des débuts..
Qu’en est-il des agacements, face aux manies et habitudes de l’autre, quelle tolérance, bienveillance va suppléer aux incontournables désillusions?
Derrière l’homme brillant et drôle se cachait un maniaque de l’ordre, un égoïste patenté, ou encore un addict aux écrans, ou un bordélique confirmé; derrière la femme sportive et dynamique une obsessionnelle des régimes alimentaires, des couchers tôt, ou encore une solitaire détestant les soirées festives et le bon vin…Alors, il va falloir suffisament de nourritures légères et gaies pour faire digérer ces défauts qui peuvent devenir vite rédhibitoires!
La vie à deux est souvent présentée, par les médias, les familles, la société, comme l’objectif ultime, (et les sites de rencontre regorgent d’attentes concernant l’homme ou la femme « de ma vie »). La mise en couple apparait donc comme la meilleure façon de conjurer…la solitude bien sûr, mais aussi peut représenter une assurance contre la précarité financière, professionnelle, la vieillesse, et un confort de compagnonnage et de présence assurée en cas de maladie, de coups durs, blessures diverses…
Mais certains aussi parlent du couple comme un lieu- ressource en matière de complémentarité, de stimulation, voire d’émulation, et aussi de tendresse et de complicité, de tolérance et de maturité.
L’un de mes collègues sexologues, Pascal de Sutter pour le nommer, disait un jour que, parmi les questions essentielles à se poser en couple, l’une pouvait être : »L’autre me tire-t’il vers le haut…ou vers le bas? »
En effet, ce qui au départ était un projet amoureux tend parfois à devenir un « projet d’entreprise », à savoir, une maison, des enfants, des vacances -au ski ou à la mer!-, une résidence secondaire, la préparation d’une retraite confortable… Pourquoi pas diront certains? Oui bien sûr, car… peu importe le projet pourvu qu’il y ait, encore, l’ivresse…
Sans doute, pour que le couple dure et puisse s’enrichir au fil du temps, doit-il se nourrir des erreurs et crises… Ainsi une infidélité vient parfois révéler le besoin de renouveau, de fantaisie, de séduction que la routine du quotidien a enterré sous des couches et des couches de …sédentarisation…Et de cela il faudra s’emparer pour si possible rebondir et prendre un nouvel envol.
Le couple, comme le dit si bien Robert Neuburger dans « Nouveaux couples », est devenu le lieu de toutes les attentes, mais aussi de tous les fantasmes et de toutes les projections. Or, pour être bien en couple, faut-il partager des moments ensemble autres que de contraintes et du « pratico-pratique ». Mais aussi être capable d’être bien seul-e-, d’avoir des ressources d’enrichissement personnel, d’intérêts autonomes pas forcément partagés, qui permettent aussi les retrouvailles, les échanges, la complémentarité…
Robert Neuburger pose in fine la question de l’avenir du couple qui passerait peut-être par le fait que « de plus en plus de gens vivant seuls sans pour autant être forcément célibataires, l’avenir du couple soit…l’individu. »