Le Trop, le Peu…ou le Pas?
Lors des 6es Assises Françaises de Sexologie et de Santé Sexuelle à Perpignan, Charles Ramond, un philosophe et chercheur de l’Université Paris 8, a, de façon originale, soulevé la question du Peu avec lequel il faut parfois composer pour ne pas être dans le Pas…
Le Peu mieux que le Rien?
Quelle alternative, quel choix entre les deux, et faut-il désinvestir le corps et le plaisir, désinvestir l’Amour, physique et sensuel et les affects qui vont avec, par crainte de ne pas y arriver?
Ce qui m’inspire cette chronique, comme entre-deux, entre deux âges, entre deux lieux parfois fort éloignés, entre deux attentes, celles du corps et de l’esprit qui pourtant voudraient tant fusionner!
Entre la dictature du Trop, qui a pour critère illusoire la notion de performance sexuelle, et érige en modèle impossible la représentation du couple idéal, de l’homme ou de la femme épanouis équilibrés dans leurs relations amoureuses et leur sexualité, et la tentation du Rien ou du Pas, qui signifierait renoncement aux plaisirs du corps et des sentiments amoureux, renoncement à l’Amour qui fait mal, renoncement à essayer, il resterait alors le Peu?… Qui n’est pas trop mais pas trop peu non plus…
Histoire de juste milieu, d’équilibre à trouver, quand il faut faire avec ce que l’on est, ce que l’on a, ce que l’on voudrait vivre mais qu’on ne peut pas ou plus faire…
Mais pourtant ce Peu est et peut déjà beaucoup. Lorsqu’il reste encore des zones sensibles à caresser, toucher, effleurer, découvrir, lorsqu’il existe encore la possibilité d’un regard, d’un échange, d’une île… à l’écart de la foule des regards et du bruit, lorsqu’il reste une voix à entendre à ressentir, il y a encore l’espoir de se sentir vivant, touché par la grâce malicieuse et souverraine de la rencontre…pour peu qu’on y soit sensible, attentif, à l’écoute!
Dans le film de Jérome Bonnell, « le temps d’une aventure », deux inconnus se révèlent l’un à l’autre malgré leur indisponibilité, leurs différences et l’impossible de leur histoire, et ce Peu volé au temps et à leurs destins va représenter un Tout parfait et sublime qu’ils emporteront avec eux… Et la musique dans ce film nous raconte avec force les emportements du coeur, la magie et le désir, la folie et la douceur…*
Et lorsque le corps est atteint de maladie, de handicap, de limitations diverses, et que le coeur n’ose plus, ne sait plus, déserté par l’énergie, l’excitation sexuelle, mais que tout cela peut et veut vivre encore, ressentir et s’émouvoir…Il faudra faire avec le Peu, car sous la cendre toujours une braise peut renaitre et devenir feu de joie!
Et, pour finir, la Quête de Jacques Brel, éternel amoureux…Qui… » Brûle encore, Bien qu’ayant tout brûlé, Brûle encore, Même trop même mal, Pour atteindre, A s’en écarteler, Pour atteindre L’inaccessible Etoile »…
* Le compositeur de la BO de « Le temps d’une aventure » est Raf Keunen (BULLHEAD) et voici la Tracklist des musiques présentes dans le film:
« Largo du Concerto n°6 en la mineur » – Vivaldi
« Concerto pour violoncelle en Do mineur » – Vivaldi
« Alpage Duo » – Daniel Bourgue / Clément Roudier et Antonin Balestro
« Balala 15 years » – Giba Goncalves
« Quattro Pezzi Sacri » – Verdi
« Ave Verum Corpus » – Mozart
« Concerto pour violon n°11 en ré majeur » – Vivaldi
« Variacies Sore Una Bomba » – Combia Yal
« Despieria Eli » – Cumbia Yal
« Love of my life » – Mike Hiqbee
« Boudins » – Les Sea girls