« Tomber en amour… »
Si l’envie, le goût, la curiosité nous prennent d’aller voir derrière les mots ce qu’il peut s’y cacher, par des chemins buissonniers et des hasards surprenants, sans doute pouvons-nous y trouver de quoi enchanter, ou désenchanter c’est selon, nos imaginaires toujours en quête de sens et de sensations inédites!
La question de l’amour faisant toujours couler beaucoup d’encre, et le sujet étant loin d’être, ni épuisé, ni réservé aux initiés, il sera aujourd’hui abordé par le biais de l’image, des métaphores, certains mots prononcés, parfois sans y penser, s’avérant bien plus riches de sens qu’on ne l’avait imaginé…
Tomber amoureux-se- donc…Ou « tomber en amour » comme le disent si joliment les québecois! Comme si une force invisible, irrationnelle, tirait vers le bas , faisait tomber celle ou celui qui n’a rien vu venir! Tomber à terre donc, sans défenses, être aux pieds de l’autre…et y rester, et en redemander?
Tomber pour mieux ensuite planer dans les airs (« je suis sur un nuage! ») et monter encore plus haut si possible, pour atteindre le septième ciel…Toute une histoire donc d’attraction -terrestre ou céleste- qui par ses forces de pesanteur ou d’apesanteur transporterait nos coeurs et nos corps de la terre jusqu’au ciel, et retour, ou pas…
En même temps, et si nous restons dans le registre de l’orientation terrestre, maritime ou aérienne, il est assez fréquent d’entendre un vocabulaire digne d’une course d’orientation (« j’ai perdu tous mes repères, je ne me reconnais plus… »). Et qui suis-je, où vais-je si je me perds moi-même de vue?… »Vertige de l’amour », chantait Alain Bashung!
Mais d’un monde à l’autre, nous pourrions aussi nous transporter dans celui aquatique des fluides et liquides, et des souvenirs proches ou lointains nous parleront alors (« je me suis sentie me liquéfier de désir »), sans parler des sueurs chaudes, froides, qui peuvent faire frissonner l’amoureux-se- transi-e-, dans une envie folle de rejoindre la source originelle, celle de l’autre, pour s’y abreuver et se sentir couler dans des profondeurs abyssales, dans le plaisir sans fond de la jouissance, bien évidemment liquide, et salée, et venue des profondeurs de l’être.
Dans un autre registre, certes beaucoup plus guerrier, nous parlerons peut-être de »rendre les armes », se donner, se rendre, être touché-e- par les flèches d’Eros, jusqu’à « succomber »!
Et si l’on continue dans la suite logique du programme, on évoquera alors la « douleur délicieuse », la souffrance parfois insupportable, celle de l’attente, du désir inassouvi, de l’éloignement subi, de la distance infranchissable!
Et, qu’il s’agisse d’Eros ou d’Aphrodite, de Cupidon ou de Vénus, dieux et déesses seront bien sûr invoqués, évoqués, comme si le destin, le hasard qui n’en est jamais un, ou encore une force supérieure avaient présidé à la naissance de cet amour là, unique et merveilleux…
Le ciel dans cette histoire, qui se mêle à la terre en la fécondant par une pluie chaude et abondante, aura sans doute le plus beau rôle, celui de l’éternité enfin touchée du coeur, de l’infini sidéral et sidérant qui de deux êtres n’en fait qu’un seul, pour un moment sublime de pure extase, celle qui envahit jusqu’à l’âme et nous envoie sourire aux anges…